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Gagner sa vie ça coûte cher
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22 février 2007

De bon matin, un matin ordinaire

J’aurais toujours autant de mal à comprendre le monde salarié.
J’ai beau en avoir un certain nombre de tous âges, couleurs, sexes et religions, je n’arrive pas à conceptualiser ce qui les pousse à se lever le matin, pour aller faire et exécuter une tache répétitive, abrutissante, et sans but précis autre que de me permettre de vaquer en des endroits idylliques et de m’adonner à des activités festives, dispendieuses, mais aussi de me permettre de payer une soulte à l’état providentiel, qui s’en sert pour nourrir une horde de fonctionnaires, qui surveille la pendule de leur vie, comme celle du bureau et qui revendique de façon pavlovienne comme un ultime sursaut dans cet océan de platitudes innocentes ou la moindre vaguelette déclenche une tachycardie que seul un arrêt maladie et une tonne de pilules aident à faire passer.

L’autre jour, pour des raisons de beuveries tardives et matinales suite à un repas d’affaires qui n’en finissait plus et un contrat important pour la pérennité de ma holding, je me suis retrouvé en des heures, ou normalement les gens se lèvent pour aller gagner leur pain, en train de croiser du fond de mon auto, les quelques ouvriers qui continuent malgré le danger de la circulation d’aujourd’hui et les transports en communs, à pédaler en sifflotant vers le dernier vestige de l’usine à papa.

Non content d’aller en des lieux de labeur incertain, ils chantonnent au bras de bicyclettes à éclairage douteux.

Bravant le danger d’un chauffard alcoolique, il vont pendant quelques heures monnayait leurs poignets et leurs bras tatoués afin d’honorer la traite mensuelle d’un pavillon ou s’entasse de façon anarchique le résultat d’un contrôle des naissances aléatoire.

Voyant ce spectacle pathétique sous le réverbère de mes pensées embrumées comme un matin en région parisienne, je me fis une fulgurance cérébrale qui me poussa vers une idée familiale qui consisterait à réveiller mes enfants un jour pour leur montrer une usine le matin de très bonne heure.

Voir leur effroi devant l’indicible de cycles en vélos attachés à des socles, de ces gens habillés pour subir un affront, de ces rires appuyés sur le film de la veille, de ces rictus sombres au devant de l’ennui, de ces démarches trompeuses qui tuent tous les tourments, des évasions fugaces l’espace d’un instant, de ces cigarettes qui consument un bout de ses destins, de ces cafés trop chauds qui brûlent les palais, de ceux qui au détour on ne croisera jamais, des lueurs immobiles qui forgent les chagrins, des parcours imbéciles que l’on croient bien malins, de ce que l’on décide au creux de ces matins ou la vie impassible avance sans entrain.

L’idée bien que lumineuse me sembla incongrue, je me devais de protéger mes enfants d’une vue affligeante d’hommes au travail à des heures impossibles.

Ils seraient capables par mimétisme de ne plus vouloir faire de grasse matinée et de se lever aux aurores pour jouer au PC.

Ce n’est pas à seize ans que l’on découvre les horreurs de la vie, il faut être adulte.

Déjà qu’au collège et lycée, ils ne sont pas épargnés par un corps enseignant qui se plaint de courbatures tout au long de l’année, hors vacances scolaires, moments de repos fort nombreux pendant lesquels, ils s’adonnent à leur deuxième passion, trouver un sens à leurs ennuis et leurs envies.

De toute façon, c’est décidé, l’an prochain, je les mets dans le privé, on m’a rapporté d’ailleurs que le niveau professoral est bien meilleur et doublement motivé.

Bon, revenons à ce matin brumeux ou mes pensées allaient bon train devant ce défilé de vélos lumineux, de voiturettes à crédit, et de mines blanchies par les néons aigris de ces immenses hangars ou passent toute ces vies à l’abri des regards qui tels des miroirs de ces choix ridicules t’évitent de partir un beau jour dans la nuit.

Du fond de mon sofa à roulettes sur gonflées et moteur appropriée, je me demandais ce qui pouvait faire tenir toute une vie, un tel manque d’avenir, cet automatisme outrancier qui ne souffre d’aucun écart, de ces mimétismes d’horaires jamais variés qui te mènent de silences en vacarmes usinés vers la fin de ta vie sans prévenir plus que le train de banlieue qui emmènent sa cohorte de fameux assoiffés vers la ville prodigue qui distille à grand cris des envies insoumises et des parterres de fleurs que cueillent quelques heureux courages mais qui laissent rêveurs au bras des laborieux, la bouche entre ouverte, attendant la béqué de reliquats infimes, qui nourrissent ainsi des peuples endormis, sur les banquettes rêches de ces trains de banlieues.

Qu’allaient ils donc chercher de façon matinale, quels étaient donc ces rêves jonchant les certitudes de ces parcours prescrits comme belles ordonnances, régler toute une vie à défaut d’existence, parler de ce néant qui forge une ressemblance, et qui fait s’alanguir aux portes les soucis.

Du fond de mon carrosse, je contemplais cela, le dépit à la gorge et la toux en deçà, mais bon, je dérapais dans le temporel triste et malheureux et je devais cacher ce texte et reprendre le fil de mon propos.

Montrer à la face que rien n’est plus joyeux que de côtoyer un syndicaliste belliqueux en des réunions infinis ou le propos confus s’étiole comme le parfum codebarisé de caissières anonymes.

Je rentrais au manoir et siestait de bonne heure.

La journée allait être animé…………… J’avais RDV avec le comité………………………

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