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23 février 2007

UNE REUNION BIEN ORDINAIRE

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                                                        Le comité d’entreprise est un lieu de rencontre ou le sommet condescend à pérorer avec les élus des hordes travailleuses, qui par le miracle de l’urne anonyme, se retrouvent à converser avec des gens dont le rôle est de verber à des fins stratégiques sur des sujets félins ou glissent les novices.

Se retrouvent donc dans un but de partage, des mondes pour le moins différents, qui vont l’espace d’une heure ou deux disserter sans se comprendre sur le fonctionnement d’une entreprise et son but ultime, dans le cas présent, m’enrichir de façon discrète et élégante mais bien réelle.
Avant de commencer les ébats, je me dois de décrire la liste des engagés pour cette après midi festive ou les écarts de langages sont proscrits ainsi que le second degré.
En effet, le travailleur de base a un mal certain à pratiquer l’auto-dérision, je ne sais pas vraiment pourquoi mais cela allégerait parfois le ton de nos échanges belliqueux, en plus il y a matière plus que de raison.
La réunion se passait dans une salle prévue à cet effet, une salle de réunion donc, et qui dit salle de réunion, dit machine à café, gobelets en plastique, jus d’orange à température ambiante et bouteilles d’eau apposées.
Autour de la table, ce jour là, nous étions six, mon auguste personne, passablement fatigué par la sortie de la veille ou le contrat signé, nous partîmes à des fins hormonales soulager le trop plein d’émotion que furent les signatures tardives de contrats alléchants.

Les trois élus du comité d’entreprise, avec deux personnes du sexe féminin, mais peut on parler de femme et un représentant du sexe fort qui en temps normal travaille à la chaudronnerie, et ma fidèle secrétaire.
La première des représentantes avait passé la quarantaine et le mur du son en même temps et de façon simultanée, ce qui lui donnait un visage aplati et l’air ahuri de celle qui découvre que la plaquette de beurre a été compté deux fois sur sa note de courses chez Carrouf.
Elle avait l’air d’avoir bouffé la vie, et en portait les stigmates. Surcharge pondérale, prédisposition évidente à une ménopause velue et odorante, vêtements amples et gestes souples, divorce en vue et alcool fort sur la table de nuit.
La salle d’eau devait être une pièce accessoire pour elle et l’usage de celle-ci était réservé aux jours de fêtes, je ne parlerai pas de l’erreur capillaire qui lui surmontait le bulbe, son coiffeur devait innover quand il la voyait car la choucroute qu’elle arborait renforçait la vision alimentaire que l’on peut avoir de ce genre d’incongruité féminine.
La deuxième oscillait entre une anorexie chronique et une blancheur cadavérique, elle travaillait à l’atelier des soudures et portait un masque toute la journée.
Elle était assez maigre pour paraître incolore et son élection n’était sûrement du qu’à un rôle de faire-valoir, elle s’était fardée pour l’occasion plus que la raison le permet et avait été interpellé dans le tramway, la police municipale l’ayant pris pour une fille de petite vertu à vocation ferroviaire.
C’est vous dire la délicatesse avec laquelle elle masquait son mal être et son manque de forme, des pommettes creuses mêmes rouges, c’était pathétique et grotesque à la fois, mais bon, le cumul ne lui faisait pas peur.
Sa table de nuit devait ressembler à une pharmacie de garde, elle devait se mettre dans le cornet un nombre de formules chimiques qui l’amenait lors de séances de dégazages intempestifs à prévenir l’assistance de rejets imminents afin que l’entourage ne subisse pas le nuage qui fit le bonheur de la météo nationale en ce mois célèbre dont j’ai oublié le nom et qui fit exploser un réacteur au fin fond de l’Ukraine et nous donna de si beaux champignons l’automne venu et de belles mycoses par la même occasion ainsi que des lapins de vingt kilos et des joueurs de rugby hors normes.

Un pet de dépressif sous cachets est une radiation pour le bien portant.
Son estomac équivalait à un réacteur de dernière génération, à chaque fois qu’elle ouvrait la bouche pour lâcher des propos inutiles, un léger mouvement de tête était nécessaire pour éviter d’être contaminé par l’odeur tenace que la dentition, que dis je la plantation, entretenait de façon assidue.
Le Tchernobyl stomacal faisait partie du CE, à nous d’aérer la pièce et le propos afin d’écourter l’exposition.

Le dernier de ce triptyque ambitieux était un homme de la quarantaine lui aussi, qui aurait du y rester d’ailleurs, élu par ses pairs plus par correction que par enthousiasme, il venait traîner son allure dont je vous laisse imaginer la rudesse dans ces salles moquettées qui n’avaient guère l’habitude de rustres et de tonitruants personnages.
Il avait arrêté l’école de bonne heure, et était parti avec une centaine de mots et quelques interjections et néologismes à tendance maraîchère, féminine, et graveleuse.
Il devait s’adonner depuis longtemps à des joies solitaires, la grosseur de ces avant bras attestant d’un exercice quotidien, et sa façon permanente de nous faire répéter des phrases anodines en se plaignant d’un début de surdité du à l’usage immodéré de son poignet droit pendant que sa main gauche tenait de façon fébrile des revues ou de blondes pulpeuses dévoilaient des atours que seule une vidange régulière et contrôlée pouvait ne pas perturber outre mesure.
L’autarcie libidineuse à l’usage de la solitude ouvrière, il l’avait inventé avant tout le monde.
Comme tout homme à joies solitaires et autarcisantes, il aimait la bouteille et usait donc de breuvages désinhibiteurs qui lui laissaient tout loisir de ne douter de rien et surtout pas de lui-même, mais n’est-ce pas le propre de personnages à cortex non frisé que de se croire invincible et surdoué.
Il faisait parti d’une centrale syndicale à trois lettres qui sévit et recrute en des terres incultes ou la jachère intellectuelle est un mot d’ordre.
Il arborait un insigne qui lui conférait un statut, cela suffisait à cet ego déviant qui oscillait entre la vocifération et l’éructation vindicative sans raison apparente.
Je passerai sous silence la tenue vestimentaire, que dis je l’accoutrement de ce triolet de cloches.
Il y a en effet une limite à la description et cela faisait longtemps que je ne côtoyais des gens s’habillant à petit prix sur les marchés et participaient à leur façon à la survie du commerce de plein air.
Restée à coté de moi ma douce secrétaire, ma seconde maman, qui avait préparé les réponses hypocrites aux questions ridicules et formatées de mes pathétiques hôtes de ce début d’après midi.

Le tableau était planté………….. La joute pouvait commencer……………

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