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Gagner sa vie ça coûte cher
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17 février 2007

UN SAMEDI BIEN ORDINAIRE

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LOFT ET COMPAGNIE

Comme tout bon nanti, je me dois le samedi d'être convié à festoyer en des lieux de débauches décoratives et culinaires, ou le vulgum pecum qui arbore son train de vie, se croit obligé par allégeance à une coutume ridicule et tenace comme des préceptes judéo parisiens, de démontrer à la face du monde et surtout à son miroir, le check de son état financier et moral à grand renfort de bouteilles millésimés et de plats sortant d'officine ayant pignon sur rue et calculette dans l'arrière boutique.

Ce samedi n'échappant à la règle susnommée, je fus invité ainsi que ma douce chez Lucien qui sévissait dans l'immobilité et l'immobilier suite au décès de son oncle Henri sur une route qui le menait au delà du perceptible vers une affaire en or et qui lui fut fatale au détour d'un carrefour, trop occupé qu'il était à bavasser avec sa plantureuse secrétaire au fin fond du cantal sur des sujets peu en rapport avec ce voyage affairé qui fleurait la comptine et le passage à l'acte pas forcément chez le notaire, ceci étant mon ami Lucien avait commencé tôt et de façon laborieuse jusqu'au jour ou son oncle décéda de façon inopinée et sans prévenir, ce qui revient au même.

De programmes immobiliers en programmes immobiliers, il avait réussi à épouser une fille de l'est qui pesait un bon quintal, choisie sur photo comme on le fait maintenant sur ces sites de rencontres ou les gens désespérés et désespérants mettent des photos d'identité, un cv...rai et une lettre de motivation décrivant avec minutie et fautes d'orthographes leurs attentes, mettent sous la table les défauts nombreux et bien ancrés et expose de façon pathétique la qualité ultime que la pauvre vie de labeur avilissant n'a pas gâché et rendu obsolète.

L'aigritude devenant un agrément de conduite en ces vides de sens ou les poncifs égalent les lieux communs et ou les désirs toujours en filigrane donnent un relent nauséabond et peu amène à ces bouts de bravoures relationnels, pitoyables et ridicules. 

Sacré Lucien, pour se gausser lors de collations de fin de journée mais néanmoins appuyés ....... au comptoir du comptoir, on lui disait de façon ridicule, embrumée et vraisemblablement alcoolisée, qu'il valait mieux une fille de l'est qu'une fille qui a du lest, lui avait pris les deux sans réfléchir vraiment.

Il avait racheté à bas prix une ancienne usine de ratissage de

2500 m2

(faut dire c'était un spécialiste involontaire du râteau, le roi de la bâche, l'empereur de la honte en public, du refus courtois mais ferme, du renvoi dans les cordes et du tacle par derrière) et avait à l'intérieur de celle ci aménager de façon somptueuse et ostentatoire un fabuleux loft à trois étages ascenseurs et salle de jeu aquatique.

Son train de vie n'avait d'égal que notre jalousie et c'était déjà un sacré réconfort, manquais plus qu'il soit bel homme et là je crois qu'à ce jour nous devrions être fâchés, heureusement pour nous, le fée adipocyte qui d'habitude s'acharne avec ferveur et talent sur le sexe dit faible avait fait un écart et l'avait doté de kilos superflus et d'une taille qui avait du mal à contenir cet amas graisseux, cet assaut lipidique.

Comme j'aime le répéter aux oreilles assassines d'anorexiques à podium et défilés : un kilo de trop c'est un cm de moins à la vue experte d'un bellâtre spécialiste.

Lucien donc était gros mais pas encore con, ces deux mots qui vont si bien ensemble ne trouvaient pas là leur existence, il était gros certes mais loin d'être bête.

Dans la foulée si je puis dire, il avait fait trois rejetons qui oscillaient entre une blondeur maternelle et une rondeur paternelle.

Nous étions conviés chez eux dans un but unique de faire la claque, nous ne savions guère qui serait du voyage et qui supporterait le rire strident et ridicule de Miss Lucia qui au delà de la surcharge pondérale qui torturait bons nombres de talons à aiguilles et de parquets trop frais, avait une voix de crécelle qui résonnait fort à l'intérieur de son bol crânien et dans ce loft ou la pièce principale oscillait au niveau taille entre un hall de gare et un gymnase de banlieue.

Son rire de l'est faisait écho, je me retenais donc de la faire glousser afin de pouvoir rester dans la limite supportable de 60 dB tout au long de la soirée.

Ce soir là comme souvent, le casting avait été fait avec minutie à défaut de talent.

Bon il a fallu bien entendu se taper la visite du lieu avec les pièces à vivre, je peux vous dire que quand tu as une faim de loup suite à une journée harassante ou tu as du faire du shopping toute la journée avec ta douce et que tu as explosé ta carte gold en moins d'un temps qu'il n'en faut à un employé sous payé pour monter une cuisine IKEA acheté en solde pour son appart de

65 m2

, tu comprendras le peu d'assiduité devant la description dithyrambique non exhaustive et redondante des chambres à coucher à salle de bains attenantes de la cuisine et de sa cave à vins et cellier, de ces meubles.

Je ne te parle même pas du prix( d'ailleurs ils n'ont pas eut le temps d'enlever les étiquettes) des tableaux de maitre, des affiches de un mètre, des litho, des linteaux de dix mètres, de la profusion de tout et de rien, de ce vide masqué, de ce trop plein qui déborde aux bouches rassasiées de convives assoiffées, de ce déballage vexatoire, de cette provocation consumériste, de cette exposition à des fins narcissiques, de cette mise en scène qui te torture le moi, de ce théâtre de vie qui te fait douter de ton choix professionnel, de cette vision qui donne un sens à ta jalousie féconde en bons mots massacreurs, de ce léger courroux qui te pousse à un strabisme vers le buffet installé sous le panier de basket au fond du salon jonché de canapés épars, de tables basses chargés de bibelots, sculptures et autres artéfacts, de tapis que tu n'oses fouler, de peur de perdre tes chaussures dans cette profondeur issue des montagnes afghanes ou le poil des moutons est long comme l'hiver qui n'en finit pas de couvrir de son linceul ces guerres assassines.

Une coupette bien fraiche me remit les idées en place et abaissa mon taux de jalousie à un ratio acceptable

Vint donc le moment de l'échange, de la mise en avant de ses propres idées, de bons mots en futilités au bras de jolies filles, de la vie qui s'écoule à l'ombre des banquiers, des soucis incertains qui font l'adrénaline de ces vies sans entrain dans lesquelles on se roule, de la boite à machin qui croule sous les dettes, et du dernier refrain en vogue sur le net.

Moi je m'alcoolisais à des fins assassines pour aiguiser le verbe de mes pensées fielleuses, seul dans mes songes et mes propos qui allaient faire mouche tout le long du repas à rallonge, ou le déluge festif de mets appropriés laissait bouche bée bon nombre de ses convives.

D'une nature peu alimentaire, j'avais tout le loisir de balancer à table une tonne d'insanités savamment élaborées, de questions ridicules aux réponses gênées, de poncifs sentencieux en dictats sans appels, je passais ma foi un agréable moment contemplant le désastre de ce genre de soirée ou le vin coule à flot pour maintenir la barque de nos désirs secrets partant à la dérive au gré de l'avancée et du taux susnommée.

La soirée s'acheva autour d'une tisane, enfoncé jusqu'au bras dans de profonds sofas, les dernières bulles aidant à la confusion des sens, je me surpris enfin à de doux compliments .....................................

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