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7 février 2007

FIN DE JOURNEE A BULLER

        

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VERNISSAGE ET COMMERAGE

  J’ai été convié hier en fin de journée à un vernissage dans un arrondissement qui se prête de bonne grâce à ce genre de circonvolutions à but pseudo intello et abaissement cutané.

Un ami artiste à ces heures,  qui se répand sur la toile comme d’autres dans les tablettes sulfureuses de torchons souillés par la prose imbécile de courtisans zélés, attirés qu’ils sont par la lumière comme une mouche bleue peut l’être par une exultation abdominale au sortir d’un repas dominicale, familiale et provinciale, un ami donc exposait ces délires rupestres à des fins mercantiles devant un parterre de précieux qui frisait non pas le ridicule mais le convenu dans ces lieux bien trop lisses pour engendrer une œuvre fut elle de génie.

Je ne pus refuser cette invitation et du donc décaler mon planning de travailleur acharné, ce qui fut fait non sans mal.

Certes à ces heures ou la France s’assoupit devant un écran plat comme la soirée qui s’annonce et savoure avec ennui la réduction du temps de travail du haut d’un salaire indigent, je n’avais quand à moi en principe fait que la moitié de ma journée de labeur.

Je sortais d’une réunion éprouvante pour mes nerfs, j’avais dû côtoyer deux heures durand ce que l’école de Jules Ferry a raté de la façon la plus magistrale qui soit, à savoir deux acariâtres à talons et un syndicaliste retord à propos réducteurs et phrases prêtes à l’emploi.

Autant dire que le ramassis de talons hauts et de mèches tournoyantes accompagnés de leur pourvoyeur en crème édulcorée qui foulait le parquet vitrifié de cette galerie n’avait que peu de lien avec mes interlocuteurs de l’heure d’avant. Mais le désarroi était fort devant un tel nombre de faux intellos, de pseudos érudits, de propos dissonants et de compliments fielleux.

En avoir autant au mètre carré est extrêmement rare, et avoir en face de soi et cerné de toute part autant d’artéfact et de faux semblants, rassurent quand à l’homogénéité de la crétinerie flagorneuse de ces jeunes quadras aux femmes allongées qui au travers de phonèmes peu usités décrivent leur émotion plate comme une bande au jardin juste en face de ce lieu de prébende.

Autant de sommités ridicules en un lieu déclaré était une gageure qu’avait su relevé mon ami créateur de rêves.

Je m’amusais du coin de ce salon de voir ce simulacre, ce théâtre de guignol à chéquiers rutilants et contemplais pantois l’art de se répandre sur tout et n’importe quoi qu’avait de façon pleutre bon nombre des conviés à cartons notifiés.

Je serrais quelques mains moites comme de coutume en ces lieux, et quelques courbettes me fussent offertes en regard de mon rang, que je hais ces bonnes gens aux manières peu discrètes autant que ces manants qui veulent être de la fête.

La race des seigneurs dont je fais partie se gaussent de toutes ces fêtes dédiés à ce présent qui de loin les embêtent, mais j’échangeais quand même une coupette à la main, quelques inutilités de bon tain dans ce lieu et donnait des nouvelles des enfants et de mes rutilantes affaires.

Lucien étrennait sa nouvelle conquête, une blonde extrême qui tenait à hauteur un regard condescendant et arrogant sur ces libidos costarisées qui reluquaient de manière peu discrète les tableaux de l’artiste et le fondement irréel de ce jeans à label franchement bien porté.

Elle devait naviguer dans des dimensions peu usuelles et était équipée comme il se doit pour traverser la vie aux bras de cartes bleues fournies, les fesses dans des sofas et les doigts entourés.

Ce brave Lucien fraîchement divorcé avait fait son marché dans des pays de l’est au cours d’un séminaire sur le gavage des poulets de Bresse en milieu confiné.

Il était parti pour des poulets et était revenu avec une poule transgénique à vocabulaire haché et rire strident quoique rare.

Du haut de son mètre soixante cinq que le costume arrondissait, on aurait dit un loupiot qu’une jeune fille au pair amenait à l’école.

IL avait l’art de faire chauffer une carte bleue entre ses doigts agiles sans jamais y mettre le feu, ce qui compensait un physique pas facile voir indigent.

Prés du buffet, comme il se doit, se retrouvaient les stackanovs des invits sur cartons, loin du brouhaha récurrent de compliments frustrés, ils remplissaient leurs panses sans être vraiment gênés et goûtaient aux bouteilles pour accompagner leur dîner.

Sur trois rangs alignés, le long de cette table, ils faisaient fi des regards et des soupirs appuyés, ils étaient là pour la bouffe et comptaient bien y rester, à d’autres l’émotion, le regard, les regrets, eux, c’était la bombance avec tous ces bienfaits.

Combien en ais je croisé de ces bedonnants précieux qui fonçaient au buffet comme d’autres à confesse et qui de façon méthodique et maniéré s’emparaient de belles pièces pour mieux s’empiffrer.

Un vernissage sans l’élu du coin en période post électorale est un vernissage raté, là comme ailleurs on avait droit au député qui gratifiait de façon pontifical l’entourage zélé, de bons mots distillés et de vagues subtiles sur l’art et ses bienfaits aux murs des salons.

Je m’ennuyais ferme attendant le moment propice pour m’éjecter de façon anodine sur le trottoir de mes pensées vagabondes quand je fus interpellé par une connaissance que je ne connaissais guère mais qui avait l’air d’en savoir plus sur mon charisme et mon aura naturelle que moi sur sa morve sibylline et ces phrases ampoulées qui tournaient en rond comme savent si bien les utiliser les dicteurs de réunion en milieu public ou l’art de raconter en deux heures à une foule hébété de fonctionnaires un propos qui se suffirait d’une dizaine de minutes à l’horloge bien compté.

D’une allure forte alerte ma foi pour son âge, il me raconta un épisode de sa sinistre déambulation festive ou il me croisa un matin de bonne heure dans un état d’ébriété avancé et me rappela les propos que je lui tins sur la vie et ses humeurs.

Ma logorrhée l’avait marqué plus que moi, mais c’est le propre des gens de talent de ne s’attardaient guère sur un auditoire anonyme, fut il argenté et alcoolisé, que d’aucuns n’y voient un renvoi narcissique, il s’agit simplement de replacer dans un contexte étiré, ce que j’avais pu dire de façon adapté à un parterre de nantis à émoi en retrait.

Je l’écoutais de toute façon d’une oreille distraite et hypocrite, regardant par-dessus son épaule une brune aux yeux verts qui venait de rentrer en cet antre ou les regards s’échangent aussi vite que les cartes de visites, il était 19 h 20 et j’en conclus  donc que c’était une marchande, je n’avais que rarement croisé un regard et une expression aussi intense, la finesse de ce corps et la longueur de ces jambes finirent de me captiver et je me perdis en remerciements courtois et pressés afin de m’approcher de cette douce fée qui n’avait pas l’air de connaître ce lieu et encore moins cet aréopage hétéroclites de piques assiettes, de nouveaux riches à la recherche de la toile qui fera déraper le budget artistique mais qui fera du bien à ce hall maudit ou séjournent ridicules deux tapis fatigués de n’avoir à mirer le long de ces peintures de beaux cadres fortunés.

Je pus enfin lui proposer une collation (en ces lieux de bienséance, un verre est une collation) et lui proposer de me suivre en un angle ou le bruit assourdi ne gênerait pas notre échange de cv.

Elle me suivi prestement, et dans l’effluve naissante, je sentis que la soirée s’annonçait de façon agréable, restait à régler quelques menus problèmes et mails en attente et je lui proposer de picorer quelques sushis, ceci lui permettant de ne pas obérer cette ligne parfaite qui devait demander quelques heures de sport, ce qu’elle me confirma plus tard dans la soirée.

Ainsi va la vie le long de ces soirées mondaines ou l’ennui emblématique peut parfois réserver des surprises féminines de bonne tenue, et changer le cours d’une vie ridiculement argenté en un havre de paix pécunieux.

Ainsi vont ces rencontres en milieu désespérant de platitudes ou les mots échangés sont calibrés et pesés, ou l’écart de langage ne se pardonne jamais, ou les gloussements de femmes adultères viennent en écho aux oreilles de ministres à maîtresses, ou le serveur habile abreuve le nanti qui sirote goulûment des verres anonymes ou miroitent sans fin des glaçons, symboles pathétiques de ces vies en dérive qui se noie dans le monde comme on trompe l’envie au pied de simulacres de rencontres joyeuses ou l’alcool, bon enfant protège le non dit.

Nous échangeâmes nos phones number, nous promîmes de nous caller soon, je la raccompagnais à sa petite(mini) voiture rouge, mon chauffeur attendait et senti à ma voix que j’avais…………………………. trop parlé…………………………….

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