LES LOOSES BROTHERS L’histoire de deux frangins
LES LOOSES BROTHERS
L’histoire
de deux frangins qui ne rataient pas que les trains.
La vie
commence tôt dans les cités et nos deux frangins poètes à instruments variés
allaient démarrer fort pour finir tard.
La loose
chez eux c’était innée comme de respirer, là dans le cas présent c’était de
respirer par le nez des plans foireux à la base, des dossiers calamiteux, des
plans de carrière à la mort moi l’haineux.
Bon pour
arriver à un tel résultat, il faut plusieurs vies, eux ils se groupèrent sans
le savoir pour cumuler en un peu plus de quarante ans autant de galères que
l’Afrique réuni.
Pour cela
il fallait commencer tôt non pas que ce soit des adeptes de l’effort matinal
mais il eut été dommage de gâcher un tel talent par des matinées lovés au fond
d’un lit.
Faut dire
que l’instinct de survie commence tôt dans les cités.
Met deux
ados dans une chambre de dix m2, l’apnée est nécessaire à la fin de la nuit si
tu veux faire la grasse mat, d’où le réveil avec la sensation que l’immeuble va
sauter à cause d’une fuite de gaz.
Tu te
levais donc pour aller au collège et là pas facile de trouver l’âme sœur avec
l’accoutrement que tu devais gérer sans honte.
C’est
simple tu avais deux ans de retard au niveau scolaire et au niveau des
fringues, cohérent même si ce n’était pas évident à gérer.
Ensuite
le moyen de locomotion (de censure), là encore fallait gérer les chaussures et
la mob.
Les
rangers en cuir, la sudation comme art de vivre et les chaussettes en laine
pour empêcher les premiers poils de s’épanouir.
Final pas
un poil sur l’arrière jambe et pas encore dans l’entre jambe. Pas de pot et pas
de poils, la pilosité nous snobait comme le reste.
Bon tout
était réuni pour démarrer dans la vie en marche arrière, ce qui fut fait sans
précipitation mais non sans talent.
On était
fait pour la loose, programmé pour la loose, on allait donc s’appliquer au-delà
du raisonnable pour respecter cet engagement.
La loose
en bandoulière, on allait rentrer dans la vie active par l’issue de secours,
quitte à démarrer à l’envers autant le faire avec un minimum d’élégance, on
n’en manqua d’ailleurs jamais pour mettre un point d’honneur à tout looser.
Fallait
commencer par faire un c v(rai) et une lettre de motivation, la motivation on
l’avait mais visiblement pas pour aller dans le bon sens.
Une telle
frénésie à tout rater friser l’incompréhensible.
Premier
job pour le premier de la fratrie des loosers : Géomètre.
L’ainé
des looses brothers va arriver à ce beau métier en commençant par refuser de se
lever le jour du BEPC, il y avait une marque de fabrique, nous c’était la
difficulté à se lever le matin quelque soit la raison ou le rendez vous.
S’en
suivit un stage dans une maison pour adolescent réfractaires, ou l’ainé côtoya
un meurtre et quelques soirées
délicates.
Premier
stage et premier emploi dans une usine à bouteilles l’alcoolisme démarre
parfois par des voies industrielles, à force de voir autant de bouteilles, on
décide d’en boire quelques unes et voilà
pour un premier tourment.
Deuxième
stage chez un géomètre, le grand air et quelques chiffres, le bonheur à cet âge
ingrat.
On
continue quelques années plus tard dans le nucléaire, on passe du grand air à
l’espace confiné.
Paradoxe
pour un métier de plein air qui se finit dans des endroits peu usités par la
radiation standardisée, l’endroit aux isotopes douteux enrobait de sa
discrétion macabre un labeur fait de tuyaux et de conduits remplis de saveurs
sans odeurs mais non dénués de dangers sournois . L'atome est une particule qui ne laisse guère de chance aux malheureux qui s'approchent.
Pendant
que l’ainé apprenait la vie active au fond du puits de l’industrie qui irradie,
le second passait le bac il passait même à travers le bac et se retrouver après
quelques errances estudiantines dans le commerce de détail, mais ce sera une
autre histoire